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À propos de l’auteur
Depuis maintenant plus de vingt ans, j’enseigne le grec ancien au Département des Sciences de l’Antiquité de l’École Normale Supérieure (PSL).
Spécialiste de littérature grecque archaïque et classique, je m’intéresse en particulier aux épopées homériques, l’Iliade et l’Odyssée, et aux rapports — parfois tendus — qu’elles entretiennent avec d’autres traditions poétiques archaïques (poèmes hésiodiques, poèmes du Cycle), ainsi qu'à leur héritage à l’époque classique dans l’œuvre des poètes (par exemple dans la lyrique chorale ou chez les Tragiques) comme des prosateurs (orateurs, historiens et philosophes). Je travaille également beaucoup sur les premiers historiens, Hérodote et Thucydide, ainsi que sur Démosthène (et, dans une moindre mesure, sur Eschine).
Bibliographie
Vous trouverez ci-dessous la liste de mes principales publications accompagnées, quand c’est possible, de liens permettant de les consulter en ligne :
« Les sentences (γνῶμαι) dans la littérature grecque archaïque et classique (d’Homère à Thucydide) », Thèse de doctorat, Histoire et civilisations (études grecques), sous la direction de Pierre Vidal-Naquet, Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales, décembre 2000, 681 p.
Ce travail est consacré à l’étude des « sentences » (γνῶμαι) que la littérature grecque, depuis les premiers poètes jusqu’aux philosophes et historiens, invite ses auditeurs et, plus tard, ses lecteurs à méditer. La place de ces maximes dans l’élaboration de la tradition morale, politique, juridique et philosophique est très importante. Si, pour les Anciens, Homère est le maître de la γνώμη, si les explications « mythiques » du monde sont également « gnomiques », de même, les premiers philosophes, souvent poètes eux-mêmes, ne sont connus que par de sentencieux fragments. Ce sont encore les sentences qui nourrissent les Enquêtes d’Hérodote, l’historien développant, côte à côte, un raisonnement historique et un réseau d’explications poétiques. Ce sont elles dont les sophistes font l’une des clefs de leur art, celui de persuader. Thucydide, lui, les réinvente selon d’autres critères et rejette leur origine poétique. Quant à Aristote, il invente leur science, la « gnomologie ». La pérennité de ces maximes est donc remarquable, tout comme le rôle qu’elles jouent dans l’histoire des idées en Grèce ancienne. Une fois exprimées, les γνῶμαι semblent se figer en autant de « formules ». Mais leur rôle, leur portée ont évolué au fil du temps, assurant à chaque fois leur pertinence, y compris lorsque les croyances et les valeurs qui leur avaient donné naissance se trouvèrent, sinon abolies, du moins discutées, voire contestées. Il convient donc d’apprécier de quelle manière ces sentences, sans que ni les mots ni les formules ne changent, ont pu servir à expliquer des réalités très différentes, si éloignées parfois que les plus récentes pouvaient sembler faire table rase du passé.
« Hésiode : une poétique de la vérité ? », La poétique, théorie et pratique - Actes du XVe Congrès International de l'Association Guillaume Budé, Orléans, août 2003, p. 190-9.
« Réalités et vérités dans la Théogonie et les Travaux et les Jours d’Hésiode », Mètis : Anthropologie des mondes grecs anciens, N. S. 4, 2006, p. 139-64 (DOI : 10.4000/books.editionsehess.3420) [ PDF ].
Dès les premiers vers de ses deux grands poèmes, Hésiode nous apprend qu’il va nous faire entendre la vérité. Toutefois, ce constat ne fait qu’ouvrir la voie à de nouvelles questions. Et, d’abord, quelle est cette vérité qu’Hésiode appelle tantôt les ἀληθέα, tantôt les ἔτυμα ? « Poétique », elle s’exprime au sein d’une composition littéraire : n’est-elle pas dès lors nécessairement « fiction » alors même qu’elle est véridique ? Divine dans la Théogonie, humaine dans les Travaux et les Jours, la vérité dans l’œuvre d’Hésiode offre, paradoxalement, deux visages, selon qu’elle habite le temps des dieux ou celui des hommes, l’histoire de Prométhée et de Pandora ou le mythe des races.
Corrigenda : § 15, l. 12, lire « en termes littéraires » ; § 22, dans la citation grecque, l. 3, lire « διὰ μαντοσύνην ».
« Il(s) frappai(en)t à la ronde : Remarques sur la signification de l’adverbe ἐπιστροφάδην dans les épopées homériques », Revue des Études Grecques, tome 121, 2008/2, p. 421-42 (DOI : 10.3406/reg.2008.7980) [ PDF ].
L’adverbe ἐπιστροφάδην, « en se tournant de tous côtés, à la ronde », est d’un emploi assez rare dans la diction homérique. On en trouve deux occurrences seulement dans l’Iliade : Diomède dans la Dolonie « tuait à la ronde » Rhésos et ses Thraces (κτεῖνε δ’ ἐπιστροφάδην : X.483) ; Achille lors de son aristie « frappait à la ronde » les Troyens (τύπτε δ’ ἐπιστροφάδην : XXI.20). Deux autres dans l’Odyssée peignent avec les mêmes formules (τύπτον δ’ ἐπιστροφάδην : ΧΧΙΙ.308 et κτεῖνον δ’ ἐπιστροφάδην : XXIV.184) le massacre des prétendants par Ulysse et ses trois compagnons. Dans son livre Ulysse polutropos, Pietro Pucci rapproche ces emplois et montre comment, grâce au jeu formulaire, Ulysse, au terme de son épopée, mime les héros iliadiques, l’homme aux milles ruses devenant, le temps de sa vengeance, un champion de la force. Reste pourtant une cinquième et dernière occurrence à expliquer : dans l’Hymne homérique à Hermès (210), l’adverbe ἐπιστροφάδην sert à décrire la fuite « en tous sens, tournoyante, tourbillonnante » et pleine de fourbe qu’entreprend le jeune dieu qui vient de voler les vaches d’Apollon. Le mot n’appartient pas ici au domaine de la force martiale : βίη, mais à celui de sa grande rivale, l’idée : μῆτις. Comment, dès lors, concilier ces emplois apparemment contradictoires ?
« Priam ou la force de l’âge », Mètis : Anthropologie des mondes grecs anciens, N. S. 7, 2009, p. 137-70 (DOI : 10.4000/books.editionsehess.2467) [ PDF ].
Au début du Chant III de l’Iliade, Hector propose à son frère Pâris de régler par un duel avec Ménélas l’issue de la guerre de Troie. Le défi est lancé et l’Atride le relève, mais à la condition que Priam, et non ses fils, dont il se défie, règle le combat. Toutefois, Ménélas n’évoque pas la sagesse du souverain troyen, mais convoque au contraire « la force de Priam » : Πριάμοιο βίην. Or la « force » dont il est question ici, la βίη, est en grec toute physique, souvent martiale, violente et brutale, et parfaitement absente des vieillards, qui l’ont perdue. Cette étrange formule constitue donc presque un oxymore et mérite qu’on s’y arrête.
« Les silences d’Homère », Revue des Études Grecques, tome 126, 2013/2, p. 289-344 (DOI : 10.3406/reg.2013.8139) [ PDF ].
L’Iliade et l’Odyssée gardent souvent le silence : l’une sur l’autre d’abord ; mais aussi sur de très nombreux épisodes de la guerre de Troie que nous connaissons par ce qui survit des poèmes du Cycle et ce que nous en apprend le reste de la littérature grecque ancienne ; sur les traits les plus merveilleux et fantastiques de ces histoires et de leurs protagonistes ; sur les leçons, enfin, qui constituent le cœur de la tradition hésiodique, mais qui semblent curieusement absentes, sous une forme explicite, des compositions homériques. Pour expliquer ces silences d’Homère, de nombreux interprètes invoquent l’ignorance du poète. Prenant parti, peu ou prou, dans les querelles qui continuent aujourd’hui encore d’entourer la « question homérique » et fixant dans le temps à la fois le monde peint par les épopées et la création même de ces œuvres, ils déterminent ce que le poème d’Achille savait ou ne savait pas de Mémnon, de Penthésilée ou de Néoptolème ; ce que l’Odyssée connaissait de l’Iliade et vice versa ; ce que « valent » et comment interviennent les poèmes du Cycle dans ce cadre ; ce qu’Homère et ses héros comprenaient de l’idée de justice et de morale ; quelle sophistication, enfin, on est en droit d’attendre, ou non, de compositions élaborées de telle ou telle manière à telle ou telle époque. Or il est une autre explication possible à tous ces silences. Loin de les tenir pour le produit des ignorances supposées d’Homère, pourquoi ne pas envisager plutôt qu’ils puissent être délibérés et procéder de raisons essentiellement « littéraires » ? Cette explication, qui, sans renier l’origine orale et traditionnelle des compositions homériques, repose sur leur originalité profonde, tant sur le fond que pour la forme, permet en outre de mieux comprendre les liens qu’elles entretiennent entre elles, mais aussi avec les épopées du Cycle comme avec les poèmes hésiodiques.
Corrigenda : p. 292, n. 11, p. 295, n. 20, 22 et 23, et p. 315 n. 92, lire « The Language of Achilles and Other Papers ».
« Achille au Chant XXIV de l’Iliade : lion exécrable ou héros admirable ? », Revue des Études Grecques, tome 127, 2014/1, p. 1-27 (DOI : 10.3406/reg.2014.8329) [ PDF ].
Au Chant XXIV de l’Iliade, quand s’achève le poème, le statut de son plus grand héros, Achille, n’est pas arrêté. Il vient de prouver, lors des jeux funèbres en l’honneur de Patrocle, qu’il savait, à la différence d’Agamemnon, répartir les prix équitablement et briller au milieu des Achéens comme un roi de justice. Toutefois, le problème que soulève le traitement indigne et sauvage infligé par ce même Achille au cadavre d’Hector reste entier et met sa gloire en péril. Il n’est pas encore devenu le « meilleur des Achéens ». Et c’est précisément, dans l’Iliade, tout l’enjeu de ce dernier Chant que de confirmer son titre et, par là, son renom.
Corrigenda : p. 1, « Abstract », l. 6, lire « has not » ; p. 25, § 2, l. 3, lire « avant de le rendre à son père ».
Démosthène : Contre Aphobos I & II, Contre Midias, coll. Commentario, Paris, Les Belles Lettres, 2017, CXII + 650 p. (en collaboration avec Matthieu Fernandez) – ISBN 978-2251447162 (notice sur HAL science ouverte).
Très jeune, Démosthène (384-322 av. J.-C.) perd son père, un riche homme d’affaires, qui, mourant, confie sa famille et sa fortune à trois proches : Aphobos, Dèmophôn et Thérippidès. Malheureusement, les tuteurs s’approprient l’héritage et Démosthène, devenu majeur, doit les attaquer en justice pour recouvrer son bien, entrant ainsi en conflit avec Midias, qui soutient ses adversaires et devient dès lors son ennemi juré. La haine qui oppose les deux hommes culmine quinze ans après, avec la gifle que Midias assène en plein théâtre à Démosthène alors qu’il finance l’un des chœurs qui s’y produit en l’honneur de Dionysos.
Réunis en un même volume, les Contre Aphobos I & II, qui sont les toutes premières compositions de Démosthène, et le Contre Midias permettent de découvrir à la fois l’homme privé et le personnage public jusqu’à la veille de l’ambassade « infidèle » de 346 qui marque la rupture définitive entre l’orateur et les tenants d’une politique plus complaisante vis-à-vis de Philippe II de Macédoine.
L’ouvrage propose un texte grec révisé et annoté ; une nouvelle traduction ; et un commentaire détaillé, qui met en évidence le brio de Démosthène et traite les nombreuses questions soulevées par ces trois discours, à commencer par le mystère qui entoure la Midienne depuis l’Antiquité : Démosthène a-t-il bel et bien prononcé son réquisitoire contre le richissime Midias, ou bien a-t-il renoncé contre paiement ?Addenda & corrigenda : vous pouvez en retrouver la liste sur la page de ce site consacré à l’ouvrage ainsi que dans un document qui en fait la synthèse.
« À propos de Démosthène, Sur les forfaitures de l’ambassade, § 35 : Où l’on découvre qu’une conséquence peut en cacher une autre. », Revue des Études Grecques, tome 132, 2019/1, p. 37-54 (DOI : 10.3406/reg.2019.8597) [ PDF ].
Les éditeurs et traducteurs du plaidoyer Sur les forfaitures de l’ambassade de Démosthène traitent la proposition consécutive présente au § 35 comme une proposition indépendante : ils placent un point devant, traduisent sa conjonction ὥστε comme une coordination (et l’écrivent Ὥστε avec une majuscule s’ils sont français), et emploient l’indicatif pour en rendre les verbes, notant ainsi un résultat avéré et situé dans le temps. Pourtant, dans les manuscrits, cette consécutive est à l’infinitif et présente la négation μή, ce qui devrait imposer à la fois de la joindre à la phrase qui précède au lieu de l’en détacher par un point, et de la traduire comme une consécutive « logique » et non « réelle ». Il convient donc d’examiner cette difficulté de plus près afin de voir si le texte grec et sa traduction ne doivent pas être ici corrigés.
« L’infinitif †εὐθενεῖσθαι† au § 231 du discours Sur les forfaitures de l’ambassade de Démosthène : proposition de correction. », Revue des Études Grecques, tome 132, 2019/2, p. 341-65 (DOI : 10.3406/reg.2019.8619) [ PDF ].
Dans son édition du plaidoyer Sur les forfaitures de l’ambassade de Démosthène, Henri Weil remarque qu’au § 231, l’infinitif εὐθενεῖσθαι, pourtant attesté dans les meilleurs manuscrits, ne convient pas pour le sens, le passage reposant sur une opposition très nette entre Eschine et ses complices d’un côté, et Démosthène de l’autre, parataxe adversative que la disparition des prévaricateurs dans le tour « la cité prospérait » vient rompre. Il faut attendre l’édition de Samuel H. Butcher pour que les conséquences de cette analyse se traduisent dans le texte proposé par l’obélisation du verbe. Ni Karl Fuhr, ni Georges Mathieu ne suivent Butcher dans cette voie, mais les deux éditeurs les plus récents de Démosthène, Douglas M. MacDowell et Mervin R. Dilts n’hésitent plus désormais à condamner le texte transmis. Toutefois, aucune des corrections proposées à ce jour ne permet à la fois de répondre aux objections soulevées par Weil et d’expliquer de façon convaincante comment le texte a pu être corrompu en cet endroit pour produire à la place l’infinitif †εὐθενεῖσθαι†. C’est cette difficulté que le présent article entend résoudre en proposant une solution paléographiquement, morphologiquement et sémantiquement satisfaisante.
Corrigenda : p. 344, n. 5, lire « S […] f. 222v […] Y […] f. 132v ».
‘Herodotus 1.66 and Demosthenes 19.231: The case against εὐθηνέομαι/εὐθενέομαι’, Classical Quarterly, Volume 70, Issue 1, 2020, p. 161-70 (DOI : 10.1017/S0009838820000269) [ PDF ].
Dans les Enquêtes d'Hérodote, au Livre I, § 66, on lit l'indicatif aoriste passif εὐθηνήθησαν (forme ionienne), ou εὐθενήθησαν (forme attique), en fonction de l'orthographe retenue par les éditeurs. Et au § 231 du plaidoyer Sur les forfaitures de l’ambassade (XIX) de Démosthène, on lit l'infinitif présent moyen ou passif désormais athétisé †εὐθενεῖσθαι†. Parce que le verbe εὐθηνέω-ῶ/εὐθενέω-ῶ, « être florissant », qui est très rare, est similaire à de nombreux autres verbes contractes en έω-ῶ formés avec le préverbe εὖ, tels que εὐδαιμονέω-ῶ, εὐδοκιμέω-ῶ, εὐσεβέω-ῶ ou εὐτυχέω-ῶ, qui tous notent un état (ils sont dits « statifs »), s'emploient absolument ou intransitivement, et presque exclusivement à la voix active, il semble très improbable que ce verbe ait été employé deux fois, de façon extrêmement inhhabituelle, à la voix moyenne ou passive plutôt qu'à la voix active attendue. En outre, au § 231 du discours de Démosthène, l'infinitif †εὐθενεῖσθαι† a été condamné par Henri Weil et obélisé par Samuel Butcher il y a plus d'un siècle, un choix récemment confirmé à la fois par Douglas MacDowell et par Mervin Dilts dans leurs éditions respectives du discours Sur les forfaitures de l’ambassade. Par conséquent, cet article a pour but de montrer qu'il convient de rejeter l'emploi de ces deux formes médio-passives du verbe εὐθηνέω-ῶ/εὐθενέω-ῶ à la fois chez Hérodote et chez Démosthène parce qu'il s'agit, en réalité, de barbarismes, et de suggérer des corrections paléographiquement, morphologiquement et sémantiquement satisfaisantes qui rétablissent à chaque fois un texte cohérent et correct.
Corrigenda : p. 163, n. 10, lire « S […] f. 222v […] Y […] f. 132v ».
« Une paix sans nom ? (Démosthène, Sur les forfaitures de l’ambassade, § 204) », Revue des Études Grecques, tome 133, 2020/1, p. 23-37 [ PDF ].
Au § 204 du plaidoyer Sur les forfaitures de l’ambassade (XIX) de Démosthène, la paix, τὴν εἰρήνην, est qualifiée par l’adjectif épicène ἀνώμοτον qui, exceptionnellement, prend ici un sens passif : « qui n’est pas jurée ». Outre que c’est un hapax dans cet emploi, le mot ayant toujours ailleurs, y compris chez Démosthène, un sens actif : « qui n’a pas prêté serment », il soulève des difficultés d’interprétation : en effet, l’orateur explique aux § 158 et 278 du discours que Philippe et ses alliés ont effectivement prêté serment en 346 ; et, d’autre part, il ne fait absolument aucune mention des amendements au traité négociés en 344-3 et rejetés par le roi de Macédoine ; de sorte qu’il est très difficile de comprendre à quoi peut bien faire allusion cette paix « qui n’est pas jurée ». Corriger le texte transmis s’avère néanmoins délicat dans la mesure où cette leçon, parfaitement classique pour la forme, est attestée par toute la tradition manuscrite ; et les quelques conjectures proposées jusqu’ici n’ont pas emporté l’adhésion. Il convient donc d’étudier en détail l’emploi qui est fait ici de l’adjectif ἀνώμοτον afin de déterminer s’il faut l’émender ou, au moins, l’athétiser et, si tel est le cas, quelle correction pourrait s’avérer convaincante.
Démosthène : Sur les forfaitures de l’ambassade, coll. Scripta antiqua (170), Bordeaux, Ausonius Éditions, 2023, 1008 p. – ISBN 978-2356135711 (notice sur HAL science ouverte). Ouvrage récompensé par la Médaille de Chénier (Académie des Inscriptions et Belles Lettres, avril 2024) et par le prix Desrousseaux (Association des Études Grecques, juin 2024).
Démosthène est célèbre pour le combat acharné qu’il a mené contre Philippe II de Macédoine et son fils Alexandre en mettant son talent d’orateur hors pair au service d’Athènes et des autres cités grecques afin de défendre leur liberté menacée par les ambitions macédoniennes. L’un des traits les plus marquants de ce combat concerne la rivalité qui oppose pendant plus de quinze ans Démosthène à Eschine et qui tire son origine de l’affaire dite de « l’ambassade infidèle ».
Le plaidoyer Sur les forfaitures de l’ambassade, qui date de 343 avant notre ère, est l’une des compositions les plus connues de Démosthène et suscitait dans l’antiquité la plus grande admiration. Toutefois, l’orateur ayant échoué à faire condamner Eschine, qu’il accuse de s’être vendu à Philippe, ce discours n’a pas intéressé les savants autant que le fameux plaidoyer Sur la couronne prononcé treize ans plus tard, véritable triomphe symbolique pour Démosthène et sa politique alors même que les rois de Macédoine l’ont déjà emporté définitivement sur le terrain. Il était donc temps de consacrer à ce chef-d’œuvre de l’art oratoire grec une nouvelle édition critique.
Le texte grec a fait l’objet d’une révision systématique à partir des meilleurs manuscrits et s’accompagne d’un apparat critique synthétique et d’une traduction inédite, aussi précise qu’élégante. L’introduction et le commentaire rendent compte du contexte historique, de la composition complexe de l’œuvre, du style inimitable de Démosthène et de tous les faits de langue utiles à la compréhension détaillée du discours. S’adressant à un large public, cette nouvelle édition bilingue répond non seulement aux besoins des spécialistes, qui trouveront dans le volume toutes les ressources savantes dont ils peuvent avoir besoin, mais aussi de quiconque s’intéresse à la rhétorique grecque classique et au combat légendaire de Démosthène contre les conquêtes macédoniennes.Addenda & corrigenda : vous pouvez en retrouver la liste sur la page de ce site consacré à l’ouvrage ainsi que dans un document qui en fait la synthèse.
« “Un trop piètre personnage pour le mal qu’il a fait” : Démosthène, Sur la couronne (XVIII), § 142 », Revue des Études Grecques, tome 136, 2023/2, p. 551-558.
Au § 142 du discours Sur la couronne (XVIII) de Démosthène, à l’exception de William Dobson, tous les éditeurs lisent un simple anaphorique pour désigner Eschine dans un tour où il est le complément d’agent d’un participe parfait passif : τῶν εἰργασμένων αὐτῷ κακῶν. Pourtant, plusieurs raisons, internes comme externes au discours, nous invitent à revenir sur ce choix presque unanime de la critique, à commencer par la leçon du manuscrit A qui nous a transmis à cet endroit un pronom réfléchi indirect, ἑαυτῷ, comme il le faisait déjà au § 20 du plaidoyer Sur les forfaitures de l’ambassade (XIX) où, cette fois, depuis Immanuel Bekker, tous les éditeurs lisent bien ἐκ τῶν αὑτῷ πεπρεσϐευμένων. En effet, écrites sous cette forme, ces expressions produisent un sens beaucoup plus marqué qui convient mieux au contexte en soulignant l’implication d’Eschine dans les faits rapportés.
Enfin, j’ai donné en 2015 à l’École Normale Supérieure une conférence consacrée à la « Question homérique ». Elle est disponible sur le site de France Culture, où vous pouvez l’écouter si vous le souhaitez.
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